“Je m’ennuie !” Comment faire face à l’ennui de ton enfant ?

Un article traduit de l’anglais par Chloé Saint Guilhem, formatrice certifiée Hand in Hand

“Je m’ennuie !”

Qu’est-ce qu’un parent peut faire lorsque son enfant s’effondre sur le sol et se plaint : “Je m’ennuie ! Il n’y a rien à faire”, et qu’il attend, vide et apathique, une inspiration qui le sauvera d’un sort pire que les corvées ?

Nos enfants sont nés pour jouer, créer et ressentir une grande satisfaction. Ils veulent s’amuser. Ils veulent être impliqués. Ils savourent cet élan d’initiative que l’on trouve en abondance dans l’enfance. Lorsqu’ils le perdent, ils souffrent.

Ce qui maintient l’étincelle en vie, c’est le sentiment de connexion.

Le sentiment que nous les voyons, que nous comprenons qui ils sont et ce qu’ils aiment. Notre attention et notre bienveillance sont le carburant dont les enfants dépendent pour trouver leur prochaine idée d’activité, ou pour savoir avec qui il serait amusant de jouer ou d’apprendre. Lorsque nos enfants ne se sentent pas en lien avec nous, même le jouet ou l’aventure la plus cool et la plus récente perd de son éclat.

Pourquoi une liste de jeux ou d’activités ne fonctionnera jamais avec un enfant qui s’ennuie (du moins au début).

Ainsi, lorsque tu entends “Je m’ennuie” et que tu constates que les yeux de ton enfant ne brillent plus, je peux presque te garantir que le fait d’énumérer des activités ou d’essayer de l’attirer dans l’action ne fonctionnera pas. Ta tentative de remédier à son ennui ne fera qu’engendrer de la frustration, pour toi comme pour lui. À moins qu’ils ne se trouvent dans un environnement exceptionnellement restreint pendant une longue période, le problème n’est pas le manque d’occasions de s’amuser.

Le problème est qu’ils ne se sentent pas suffisamment connectés pour profiter de la vie.

Le remède n’est donc pas une liste de choses que ton enfant pourrait faire. Il ne s’agit pas de forcer ton enfant à sortir de son marasme. Le remède, c’est ton attention chaleureuse.

Quelques trucs à essayer lorsque ton enfant est pris dans un sentiment d’ennui.

  • Si le fait de voir ton enfant apathique et gémissant t’irrite, trouve quelqu’un pour t’écouter ! Pour être d’une quelconque aide, tu as d’abord besoin d’évacuer ta frustration, de faire le sermon qui te vient à l’esprit et de travailler sur la colère, le ressentiment ou l’inquiétude que te ressens dans cette situation. Ne le fais pas avec ton enfant, mais avec un autre adulte, hors de portée de voix, à un moment convenu entre vous. Recevoir un temps d’écoute, c’est un peu comme le processus de nettoyage vigoureux que les chirurgiens doivent faire avant d’opérer un patient. Tu aurais besoin d’un bon nettoyage émotionnel avant de pouvoir attirer l’attention de ton enfant qui s’ennuie. Une attention infectée par de l’impatience ou d’autres contrariété ne sera pas d’une grande utilité. Tu devras peut-être te débrouiller avec les moyens du bord jusqu’à ce que tu trouves et mettes en place un Partenariat d’écoute, mais l’effort en vaut la peine.
  • Rappelle-toi que ton enfant est bon. Il n’est pas déficient parce qu’il s’ennuie. Ton enfant a un bon esprit et un bon cœur. Il vient de tomber en panne d’essence. Il faut faire le plein ! Le carburant vital est un sentiment de connexion, et tu es justement la personne qui peut l’apporter.
  • N’essaie pas de réparer quoi que ce soit. Il n’y a pas grand-chose à réparer. Ta présence, ta chaleur et ta volonté d’être proche et attentif sont tout ce dont il y a besoin. Moins tu te démènes pour assurer ta présence, mieux c’est. La principale chose qui pourrait nécessiter une légère correction est ton programme immédiat pour la demi-heure à venir. Ce programme peut nécessiter un certain report.
  • Rapproche-toi de ton enfant. Fais-lui ressentir du plaisir et de l’intérêt pour la situation. Tu pourrais commencer par quelque chose comme : “Ohhh, tu t’ennuies, hein ? Hmmm. Rien à faire. Wow, rien à faire…” et ensuite, rester présent et attentif. Installe-toi à côté de ton enfant, là où il s’est posé quand il s’est ennuyé. Tu veux que ta présence et ton absence d’inquiétude face à la situation se fassent sentir, alors sois à l’écoute, peut-être en t’appuyant sur ton coude de temps en temps pour établir un contact visuel, ou en te blottissant un peu plus près au fur et à mesure que les minutes passent.
  • Écoute tout ce que ton enfant peut te dire sur l’horreur de l’ennui. L’écoute ouvre les canaux de communication. Tes idées ne sont pas nécessaires ici. Ton attention chaleureuse l’est.
  • Propose un contact physique après avoir écouté. Ton enfant continuera à s’ennuyer. Il faut un certain temps pour remplir un réservoir vide. Le contact physique peut aider, à condition qu’il soit accepté par l’enfant et qu’il soit proposé sans urgence ni ordre du jour. L’esprit du toucher peut donc être doux, mais il peut aussi être légèrement ludique. “Je te fais des petites caresses sur la tête, loulou ?” ou “Peut-être que si je masse ton petit orteil et que je remonte jusqu’à tes genoux, cela t’aidera. Qu’en penses-tu ?” ou “Pendant que tu essaies de penser à ce que tu voudrais faire, je vais juste masser un peu tes épaules. Qu’en penses-tu ?” Si tu obtiens une réponse très résignée : “Oh, papa ! Ça ne sert à rien ! Je m’ennuie !”, ne te décourage pas. Reste léger et ajoute un peu d’humour si tu le peux. Par exemple, tu peux demander encore une fois : “Je ne pense pas que cela va aider non plus, mais mon énergie de massage devient de plus en plus forte. Qu’est-ce que je vais en faire ? Masser ta jambe de pantalon ? ta manche ?”
  • Continue à écouter. Lorsque la plainte de ton enfant dure longtemps, il y a fort à parier que le sentiment d’isolement dont il souffre n’est pas anodin. Il se peut que les difficultés de ton enfant ne soient pas du tout liées à un manque de lien dans sa vie actuelle. Il peut arriver que beaucoup de chaleur et de connexion au cours de moments familiaux nourrissants renforcent le sentiment de sécurité émotionnelle de l’enfant. Et quand il est en sécurité, les sentiments d’isolement de la toute petite enfance sortent de leur cachette dans la mémoire émotionnelle de ton enfant. Ton écoute et ta volonté d’être attentif constituent l’antidote le plus puissant que tu puisses administrer. C’est exactement ce qu’il faut. Si ton enfant a besoin de pleurer sur le fait que la vie n’est pas drôle du tout en ce moment, Rester-écouter. Les pleurs font partie intégrante de la solution. Résiste à l’envie de le juger paresseux ou ingrat. Continue à t’intéresser à ce que ton enfant peut te dire, et à tous les sentiments qui s’expriment en cours de route.
  • Après avoir écouté et être resté près de lui pendant au moins dix ou quinze minutes sans essayer de résoudre le problème, et si ton enfant n’est pas en train de pleurer, tu peux essayer de proposer quelques solutions fantaisistes. Lance des idées farfelues pour voir si tu peux provoquer un ou deux rires. Le rire est l’un des plus puissants connecteurs auxquels nous ayons accès en tant qu’êtres humains. Des idées idiotes adaptées aux goûts de ton enfant pourraient donc aider à faire avancer les choses.

Nous nous connectons, et maintenant ?

Par exemple, tu pourrais dire aux enfants qui s’intéressent beaucoup aux vêtements ou à l’apparence : “Tu pourrais m’habiller avec la pire tenue qui soit et me faire sortir dehors pour que les gens me voient, ou tu pourrais me faire une mise en beauté qui ne ressemblerait pas vraiment à une mise en beauté”. Les petits chefs aimeront peut-être qu’on leur suggère de faire des concoctions dans la cuisine avec plein de choses dedans (encourage-les à te les faire goûter).

Parenting by ConnectionPour les amateurs d’aventure, il peut s’agir de combats au pistolet à eau dehors dans le froid ou d’allumettes allumées ensemble au-dessus de l’évier de la cuisine. Pourquoi ne pas expérimenter la combustion de différents matériaux et aliments ?

Vous pourriez même essayer de jeter divers aliments contre le mur de votre maison ou de votre appartement, en observant comment ils s’écrasent et coulent.

Tu cherches le rire, pas la “bonne” activité, et tu utilises ton imagination pour essayer de communiquer avec ton enfant. Si tu veux un objectif, c’est de susciter une aventure de quinze à trente minutes, choisie par ton enfant, qui susciterait plus de rires et raviverait le sentiment qu’a ton enfant d’être en lien avec toi.

Et si cela ne fonctionne pas, tiens bon.

Tant que tu restes proche de ton enfant et que tu ne t’inquiètes pas, tu rétablis son sentiment de connexion. Son réservoir peut rester vide pendant un certain temps jusqu’à ce qu’il se mette soudain à fonctionner à plein régime, avec un “Je sais ce que je veux faire” ou “Maman, tu veux bien m’aider avec x, y ou z ? Ensuite, je veux…”

Lorsque tu entends des mots comme ceux-là, l’esprit de ton enfant est à nouveau en marche, enfin !

Tu l’as aidé, en étant présent, en ayant confiance que ton enfant absorberait ta bienveillance, et en te rappelant que ta bienveillance était la solution élégante depuis le début.

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