Un article traduit de l’anglais par Chloé Saint Guilhem, formatrice certifiée Hand in Hand
La rivalité entre frères et sœurs est un défi inévitable lorsqu’on élève plus d’un enfant. Quelle que soit la différence d’âge ou la personnalité des enfants, tôt ou tard, tous les enfants ayant des frères et sœurs se fâchent avec leur frère ou leur sœur. Mais ne t’inquiète pas et ne pense pas que cela reflète ce que sera leur relation pour toujours.
Une idée à la base de l’approche Hand in Hand est que les enfants sont naturellement bons, aimants et qu’ils veulent s’entendre et coopérer les uns avec les autres. Cependant, il arrive qu’ils soient submergés par de grands sentiments parce qu’ils n’ont pas assez de toi et de ton temps, parce qu’ils ne veulent pas partager, ou à cause d’autres bouleversements qui peuvent survenir dans la vie de tous les jours.
Dans ce cas, les sentiments douloureux submergent le système limbique – la partie émotionnelle du cerveau – et le cortex préfrontal – la partie du cerveau responsable de la pensée rationnelle et raisonnable – ne peut alors pas fonctionner correctement. Il en résulte les comportements négatifs que l’on observe entre frères et sœurs.
Ces sentiments de rivalité entre frères et sœurs peuvent être atténués par quelques stratégies importantes qui, employées tôt et souvent, peuvent ouvrir la voie à des relations riches, ludiques et affectueuses entre les enfants. Ces stratégies n’étant pas l’approche typique du “Ne fais pas ça ou je t’envoie dans ta chambre”, elles sont difficiles à mettre en œuvre. Mais les résultats qu’elles apportent au fil du temps sont profondément gratifiants.
Un temps d’écoute régulier peut nous aider à gérer les sentiments que nous inspirent les bagarres de nos enfants. Il peut être très utile de parler du passé et des relations que nous entretenions avec nos frères et sœurs. En libérant nos propres sentiments, nous pouvons nous concentrer sur la rivalité entre frères et sœurs en toute sérénité.
Rester ou jouer ?
Lorsque les frères et sœurs ont été blessés l’un par l’autre, qu’ils pleurent ou sont en colère, la meilleure solution consiste à Rester-écouter leurs émotions jusqu’à ce qu’ils se sentent mieux.
À d’autres moments, lorsqu’il y a une légère tension, le Jeu-écoute est parfait. Lorsque nous nous approchons dissolvons les luttes de pouvoir par le jeu, nos enfants disposent d’un puissant exutoire pour évacuer le stress et les tensions, par le rire et l’amusement. En évacuant leurs sentiments, ils n’auront plus besoin de s’en prendre l’un à l’autre.
15 astuces pour dissoudre la rivalité entre frères et sœurs
Certains de ces jeux sont idéaux pour jouer au moment où la rivalité entre frères et sœurs se manifeste. D’autres peuvent être utilisés à titre préventif. Certains de ces jeux consistent à vous placer, en tant que parent, dans le rôle le moins puissant. Tandis que vos enfants conspirent contre vous et extériorisent leurs sentiments, ils créent des liens et se rapprochent les uns des autres.
Il est important de se rappeler que ces conseils ne s’adressent pas uniquement aux enfants ayant des frères et sœurs ! Nous avons utilisé avec succès plusieurs de ces conseils pour gérer la “rivalité entre amis”, qui peut également être très fréquente dans les premières années de la vie de l’enfant.
1. Mon objet précieux Ce jeu est idéal lorsque deux frères et sœurs se disputent un jouet. Prends un livre, un coussin ou tout autre objet qui n’est pas vraiment précieux. Dis à tes enfants qu’il s’agit de ton objet précieux dont tu ne veux jamais te séparer. Tiens-le très fort et laisse-les se battre pour l’obtenir. Répète l’opération avec un autre objet, de façon à ce que chaque enfant puisse à son tour t’arracher quelque chose des mains.
2. le ballon fugitif Emmène tout le monde dans le jardin ou dans le parc pour évacuer les tensions. Apporte un ballon et dis à tes enfants, sur un ton ludique et sérieux, que tu ne veux pas qu’il soit lancé à un endroit particulier – par exemple en bas d’un toboggan ou dans un bouquet d’arbres – ou qu’ils peuvent jouer avec, mais qu’ils ne doivent pas se le lancer les uns aux autres (un peu de psychologie inversée simple fonctionne souvent !). Laisse-les l’attraper et courir. Lutte avec eux pour essayer de le récupérer, mais laisse-les toujours gagner. Gère le jeu de façon à ce que les deux enfants aient chacun leur tour pour attraper la balle.
3. Cacher un objet Tu peux essayer avec un ballon dans le jardin, comme dans la proposition précédente, ou avec un autre objet dans la maison. Dis à tes enfants, d’une manière ludique et sérieuse, que tu ne veux vraiment plus qu’ils jouent avec cet objet et que tu vas le cacher pour qu’ils ne puissent pas le trouver. Pendant que tu le caches, dis-leur de fermer les yeux et de ne pas jeter un coup d’œil d’une manière qui les invite en fait à le faire ! Faites ensuite toute une histoire lorsque l’objet est découvert et qu’ils commencent à jouer avec : “Oh non ! Comment as-tu fait pour le trouver si vite ? Cache deux objets s’il est préférable que chaque enfant en trouve un.
4. Musicothérapie Prévois une boîte remplie d’instruments de musique bruyants comme des maracas et des flûtes à bec. Lorsque tu essaies de t’atteler à une tâche ménagère telle que le nettoyage, la cuisine ou la rédaction d’un e-mail et que tu sens qu’une tempête se prépare entre tes enfants, dis-leur d’un ton enjoué et invitant que tu espères vraiment qu’ils ne sortiront pas les instruments de musique et ne te dérangeront pas. Ma fille et son ami ont adoré faire du bruit pour me “déranger” pendant que j’essayais de préparer le dîner, et cela les a aidés à rester en contact et à ne pas se disputer. Pour les faire rire davantage, tu peux enlever les instruments à tes enfants et les remettre dans le tiroir en leur disant que tu espères vraiment qu’ils ne les sortiront plus.
5. Défis stupides de Julianne Idleman, de Hand in Hand. Dis à tes enfants que tu es le.a champion.ne d’un certain défi et que vous pourrais battre les 2/3/4/ enfants ensemble. Il peut s’agir de lancer des chaussettes sur le lit, ou de faire sauter des balles de ping-pong d’une table avec une paille, n’importe quel défi amusant qui plairait à tout le monde. Ils pourront alors se mesurer à toi, ce qui leur permettra de tisser des liens et de relâcher la tension. Faites un bon combat, mais laisse-les gagner à la fin, pendant que tu agis comme si vous étais “bouleversé.e” et surpris.e de la façon dont ils ont réussi à te battre.
6. Un journaliste sur les lieux Lorsque tes enfants se disputent, joue le rôle d’un journaliste qui vient les interviewer. Dis quelque chose du genre : “Bonjour, je vois deux enfants qui se battent. Je vois que deux enfants se battent. Avez-vous besoin de mon aide ? Que se passe-t-il ?”
7. Commentateur sur la scène Larry Cohen. Lorsqu’un désaccord survient et que chaque enfant fait des commentaires (ok, lance des insultes) à l’autre, tu fais un commentaire action par action. Comme si tu regardais un match de tennis, tu balances la tête d’un côté à l’autre en disant des choses comme : “Oh, et maintenant il lui a envoyé quelque chose, et maintenant elle se venge en poussant les pieds de sa chaise, et je me demande ce qui va se passer ensuite !!!”. Je l’utilise souvent et je suis sûre que cela les fait rire !
8. Insultes ludiques d’Otilia Mantelers, formatrice Hand in Hand en Roumanie. Si tes enfants s’insultent et se traitent de moche ou de stupides, essaies de détourner les insultes vers toi. Par exemple, s’ils se traitent de stupides, dis : “J’espère que personne ne me traitera de stupide. Si quelqu’un me traite de stupide, je serai très contrarié.e. J’appellerai ma mère. Ou s’ils disent que l’autre est moche, dis : “J’espère que personne ne me traitera de moche”. Sois exagérément contrarié.e. Mets une serviette sur ta tête. Dis-leur que tu vas te cacher et que tu espères que personne n’enlèvera la serviette pour révéler ton moche visage.
9. Réunion de famille Inspiration de la formatrice Hand in Hand en Australia, Skye Munro. Si mes précieux joyaux traversent une période difficile et ne parviennent pas à s’entendre, il m’arrive souvent de mettre un chapeau ridicule et de m’annoncer comme la maire Munro. Je convoquerai une “réunion d’urgence” et jouerai le rôle d’une maire maladroite qui tombe souvent et qui ne trouve jamais ce qu’il faut pour prendre des notes (je prendrai une carotte à la place d’un stylo, etc.). Je demanderai à chaque enfant de “plaider sa cause” et je ferai semblant de prendre des notes. Après avoir écouté les deux enfants, je trouve une solution ridicule. Par exemple, s’ils se disputent un jouet particulier, j’annonce : “Celui qui tiendra le plus longtemps sur une jambe, les yeux fermés et le doigt sur l’oreille gauche, sera le propriétaire légitime du jouet”. Souvent, lorsque nous en arrivons là, nous avons évacué beaucoup de tensions en riant et les enfants peuvent à nouveau jouer et réfléchir. Tu peux également essayer quelque chose de similaire avec une “super maman” ou un “super papa” pour arranger les choses.
10. Se joindre à la bagarre De Skye Munro. Si mes enfants commencent à se disputer et que je sens que je dois intervenir, j’essaie souvent d’être ludique d’abord et de me joindre à la bagarre ! Je vais parler d’une voix exagérée et pleurnicharde et je vais vraiment exagérer – en cherchant à faire rire. “Non, c’est mon tour sur la balançoire, tu es passé en premier la dernière fois. Ce n’est pas juuuste ! !!” Je peux même ajouter de faux pleurs et appeler ma mère ! Souvent, ils se mettent à rire et relâchent la tension qui les empêchait de négocier leur défi.
11. Poussée de la formatrice Hand in Hand Ceci Hyoun. Cette technique est idéale lorsqu’un enfant plus jeune se sent impuissant et qu’il a du mal à suivre un enfant plus âgé. Tends la paume de tes mains et dis à ton enfant quelque chose comme : “Allez, donne-moi tout ce que tu as !”. Il sait ainsi qu’il peut te pousser et te bousculer. Repoussez-le avec suffisamment de résistance pour qu’il sente qu’il doit se battre et faire preuve de puissance, tout en laissant suffisamment de mou pour permettre à ton enfant de “gagner”. Laisse ton enfant te bousculer, rire et se sentir triomphant.
12. Parle à une photo de Larry Cohen. Si tu es énervé.e par les disputes de tes enfants, parle à une photo/peinture dans la pièce plutôt qu’aux enfants. Si tu es énervé mais que tu ne veux pas t’en prendre à eux, tu peux commencer à te plaindre à la photo sur le mur ! “J’aimerais vraiment que tu te caches les yeux parce que tu n’as vraiment pas envie de voir ce que ces deux-là sont en train de faire. Tu sais quoi, laisse-moi les couvrir pour toi ! Par contre, je ne peux rien faire pour te mettre les doigts dans les oreilles – ils sont vraiment bruyants ! Dommage que tu ne puisses pas t’enfuir ! Ha ha, mais moi je peux !” Shaheen a essayé et dit : “Quand j’ai fait ça, ça les a arrêtés dans leur élan, mais ma fille n’a pas perdu une miette. Elle a immédiatement commencé à parler à l’image !
13. “Qui a besoin de câlins ?” Cela fonctionne vraiment comme un câlin vigoureux. Avec un regard amusé, je dis que les mauvais sentiments ont besoin d’un câlin. Soit ils adorent avoir l’occasion d’être physiquement avec toi, comme ma fille, soit ils profitent de l’occasion pour me déjouer et s’enfuir ! Parfois, cela se termine par un bon jeu de poursuite, et pour impliquer le frère ou la sœur, nous venons de différents côtés pour essayer de l’attraper, ou mieux encore, nous nous tenons la main et nous trébuchons pour essayer de l’attraper. Beaucoup de rires !
14. Lutte amusante Parfois, c’est mieux quand on se joint à la lutte ! Lorsque les enfants étaient en train de s’amuser au bas de l’escalier et de lutter, l’un essayant d’empêcher l’autre de s’enfuir, j’ai vu que la situation risquait de dégénérer et que l’un des deux se mettrait en colère ou s’énerverait. J’ai couru rapidement et j’ai commencé à m’impliquer ! Je me suis accrochée à celui qui s’accrochait à l’autre, en criant et en jouant : “Je le tiens ! Cours et sauve-toi !” Le plus drôle, c’est que même si elle aurait pu s’en sortir, elle s’amusait trop et s’est délibérément laissée attraper à nouveau. – Shaheen Merali
15. Bataille d’oreillers et Écoute de Carolina et Isabella Hyoun (9 et 7 ans). Prends un oreiller et demande-leur de le frapper ou de te faire tomber sur le lit. Installe les deux frères et sœurs dans une pièce et l’adulte tiendra un oreiller qu’ils frapperont à tour de rôle pour exprimer leurs sentiments. Tu peux également les laisser utiliser l’oreiller pour essayer de faire tomber l’adulte ensemble, afin qu’il y ait un travail d’équipe. Ils se rendront alors compte qu’ils peuvent travailler ensemble plutôt que l’un contre l’autre.
J’espère que te prendras plaisir à dissoudre les tensions familiales en vous amusant et en riant. N’hésite pas à nous faire part de ton expérience dans les commentaires, et si tu as des suggestions ludiques à nous faire, nous serons ravis de les entendre !
Dans la boîte à outils “Hand in Hand” :
Pour plus de conseils et d’outils pour faire face à la rivalité entre frères et sœurs, essayez :
- The 5 Keys to Raising Siblings Who Get Along
- Offre toi le livre Écoute : Les outils indispensables pour se connecter à son enfant
Shaheen Merali est formatrice Hand in Hand au Royaume-Uni. Mère d’un garçon de 10 ans et d’une fille de 8 ans, elle connaît de première main les joies et les difficultés des relations entre frères et sœurs ! Connectez-vous avec Shaheen.
Kate Orson est auteure et mère d’une fille de 13 ans. Originaire du Royaume-Uni, elle vit aujourd’hui à Milan, en Italie.